EPILAB | Un kit de diagnostic de la tuberculose nouvelle génération pour lutter contre une maladie qui touche plus de 10 millions de personnes par an
Interview de Murielle ROCHELET,
Maître de Conférences université de Bourgogne
Pouvez-vous nous présenter votre innovation ?
La technologie EDMYC (Electrochemical Detection of MYCobacteria) est née de nos recherches, avec Elodie Barbier et Alain Hartmann, au sein de l’Unité mixte de Recherche Agroécologie de Dijon (Université de Bourgogne, INRAE, AgroSup Dijon et CNRS).
L’innovation, un diagnostic in vitro, a pour objectif de mettre en évidence rapidement la présence ou l’absence de mycobactéries, dont les mycobactéries tuberculeuses, dans un prélèvement respiratoire. Cette technologie brevetée repose ainsi sur une réaction enzymatique couplée à une détection électrochimique.
Pourquoi la tuberculose ?
La tuberculose reste une pandémie mondiale qui touche plus de 10 millions de personnes chaque année. En 2019, trois millions de malades n’ont pas été officiellement diagnostiqués, occasionnant 1,4 million de morts. Or, l’un des principaux obstacles pour traiter la tuberculose concerne les moyens déployés pour détecter en masse les cas touchés et éviter sa transmission. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) alerte régulièrement sur le sous-diagnostic de la maladie.
Comment SAYENS vous a accompagné dans ce projet ?
Depuis la présentation des résultats de nos premières expériences jusqu’au transfert de la technologie EDMYC, nous avons eu la chance d’être accompagnés, au sein de SAYENS, par une cheffe de projet extrêmement dynamique et motivée par le projet.
Notre technologie a été protégée et a bénéficié d’un programme de maturation. SAYENS nous a également permis de rencontrer deux jeunes ingénieurs en quête d’un projet entrepreneurial.
Allez-vous poursuivre ce projet ?
Tout à fait. SAYENS a soutenu le projet de création de la startup EpiLAB, dirigée par Clément Dubois et Maurice Lubetzki. Avec Élodie, nous allons toutes deux poursuivre l’aventure dans le cadre d’un concours scientifique, qui grâce à la loi Pacte nous permet d’avoir un pied dans l’entreprise tout en poursuivant nos carrières de chercheuses académiques. L’optimisation du brevet est aujourd’hui réalisée avec des experts de la tuberculose de l’hôpital Bichat pour notamment répondre au cahier des charges de l’OMS en matière de seuil de détection.
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Vous souhaitez protéger votre invention, être accompagné pour transférer votre technologie et bénéficier d’un programme de maturation ?
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Interview de Clément DUBOIS,
CEO d’EpiLAB
Comment est né ce projet ?
Avec Maurice Lubetzki, pendant nos études d’ingénieurs, nous cherchions une technologie française à valoriser. Nous souhaitions développer un projet entrepreneurial, de préférence dans le domaine de la santé.
Comment avez-vous trouvé la technologie ?
Le projet est né lors du premier confinement en mars 2020. Je me suis rapproché de plusieurs SATT. J’ai été particulièrement intéressé par le procédé EDMYC, au portefeuille des technologies disponibles de SAYENS. Ce nouveau kit portable et simple d’utilisation pour le diagnostic de la tuberculose a retenu toute mon attention.
Comment est née EpiLAB ?
Nous avons décidé de reprendre le brevet EDMYC et de créer EpiLAB. SAYENS a souhaité accompagner ce projet en entrant au capital. Avec les deux inventrices, Maurice Lubetzki, CTO d’EpiLab, et moi, nous formons une équipe complémentaire animée par un même objectif : tirer parti de l’invention pour construire le meilleur outil de dépistage afin d’aider les organisations de santé et les gouvernements à lutter contre la tuberculose. Chaque année, 3 millions de personnes ne sont, toujours à l’heure actuelle, pas détectées.
Comment ça marche ?
Le test, portable, ne nécessite ni médecin ni infrastructure médicale. Il suffit d’insérer un échantillon de salive prélevé dans le kit de dépistage. Au bout de deux heures, le lecteur électrochimique détecte une éventuelle présence de la maladie. Les données sont transférées dans un cloud afin de permettre aux instances de santé d’intervenir rapidement et de délivrer les traitements nécessaires.
Quels sont vos objectifs ?
Notre ambition est de développer et d’industrialiser un test de triage abordable et nomade, véritable élément clé manquant à l’éradication de la tuberculose. Le projet est en incubation au sein de l’École Polytechnique depuis septembre 2020 pour la partie kit et hardware. Enfin, des études cliniques sont indispensables. Elles sont supervisées par Murielle Rochelet et Élodie Barbier.
Et la suite ?
Nous cherchons à lever des fonds pour lancer rapidement une première grande campagne de dépistage dans les pays les plus touchés, à savoir l’Inde, le Pakistan ou le Nigeria.
Une technologie primée
« Prix du Public » du Prix de l’Ingénierie
du Futur de Syntec-Ingénierie 2020 #TechForGood
Sélectionnée par Hello Tomorrow
pour faire partie des 2020 Deep Tech Pioneer
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Focus technologie
La technologie a pour objet une méthode de détection de mycobactéries dans un échantillon biologique, qui est basé sur la mesure de l’activité acyltransférase, en particulier l’activité catalytique de l’Antigène 85, avec une méthode d’analyse électrochimique.
Cette invention est applicable en médecine humaine et vétérinaire, pour le diagnostic de la tuberculose et des mycobactérioses humaines et animales, ainsi qu’en diagnostic environnemental.
EpiLAB, des bénéfices santé innovants :
- Palier au vide sanitaire des pays en voie de développement
- Faciliter le dépistage de la tuberculose : 3 millions de nouveaux malades non détectés chaque année
- Un kit de dépistage portable et peu coûteux, adapté aux conditions sanitaires des pays concernés, principalement l’Inde, le Pakistan et le Nigeria
- Une technologie qui répond aux critères de l’OMS
Interview de Catherine Guillemin,
Présidente de SAYENS
Pourquoi avoir choisi de soutenir la technologie EDMYC ?
Nous avons identifié très tôt le potentiel de cette innovation et son impact potentiel en matière de lutte pour éradiquer la tuberculose. Les chercheurs et établissements ainsi que SAYENS sont heureux et fiers de propulser une technologie française essentielle et prometteuse pour répondre à un défi sanitaire mondial.
Quel a été le rôle de SAYENS ?
SAYENS a tout d’abord œuvré à protéger l’innovation de Murielle Rochelet et d’Elodie Barbier. Nous avons ensuite financé le programme de maturation et opéré le transfert de la technologie EDMYC à la start-up française EpiLAB pour le compte de l’université de Bourgogne et de l’INRAe.
Pourquoi être entré au capital d’EpiLAB ?
En nous impliquant dans le développement de la start-up, aux côtés des fondateurs, nous entendons en tant que SATT soutenir des entreprises à fort impact sociétal, axe de développement que nous avons consacré dans notre stratégie 2020-2022. Avec EpiLAB, SAYENS s’engage grâce à l’université de Bourgogne et INRAe à apporter une réponse concrète au besoin crucial d’une méthode simple, rapide et peu coûteuse pour diagnostiquer en masse les cas touchés par la tuberculose et éviter au maximum sa transmission.
Où en est le projet ?
Aujourd’hui les deux chercheuses et SAYENS poursuivent la collaboration avec la start-up, dans le cadre du développement du dispositif, grâce à un programme de co-maturation visant l’optimisation du savoir-faire.
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